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-Le cinquieme
Evangile-

                La lettre d’un paroissien illuminé

 

Mon Dieu, c’est à toi que je demande de me faire comprendre, lorsque muet, je m’assieds devant la fenêtre, et lorsqu’il te semble que je pleure, je ne fais que te prier de comprendre que je supporte de plus en plus mal l’incertitude de Ta présence. Je reste les yeux fermés et je me concentre sur la forme dont je me leurre, mais rien ne peut remplacer le besoin de Toi.

De moi-même, sort quelque chose où j’ai mis l’illusion que je vais te voir d’une façon quelconque, dans ce monde là, dans celui-ci, ou dans les deux, car Tu ne peux pas être celui disparu sans espoir. Mais l’idée que je pars à la recherche de quelque chose qui pourrait ne pas exister, ce que je rêve depuis si longtemps, ou, pire encore, que cela pourrait ne pas du tout exister, m’effraie ou tout simplement me fait pleurer, comme ce n’est que Toi qui pourrais pleurer, si Tu as pleuré pour une fois au moins. Comme ce serait bien si tu avais pleuré au moins un mot ! Ce serait le premier signe qu’on meurt à bénéfice dans le monde dont ceux de tout autour disent que ce serait le Tien. Moi, je ne les crois pas. Parce qu’il y a dans leur voix un mystère, une certitude dont ils se doutent eux-mêmes, et lorsque je leur demande de me montrer le chemin qui mène vers Toi, ils me disent de prier. Or, je refuse de te créer, Toi, à ma guise.

Si c’est Toi là, derrière cette porte et moi je suis indigne de te voir, reçois au moins mes regards dans une sorte d’audience divine, quant à moi je retournerai à cette mort. Vivant ou mort, sans Toi je suis de toute façon mort, sauf que les regards se marchent sur les pieds en retournant sans aucune réponse. Je voudrais savoir en qui ont cru tant de générations, ou si ça vaut la peine, de plier nos genoux, car voilà ce que font ceux d’autour. Ils se penchent humblement sous les