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-Le cinquieme
Evangile-

Celle-ci n’anticipait rien, parce que sa matière n’avait pas le pouvoir de raisonner. Il n’y avait que Jésus de vivant. Du reste, tout autour de Lui il n’y avait que la mort. Le non-être. Du mouvement sans but. Mais tout ceci ne pouvait plus durer longtemps. Car le travail de Dieu devait commencer. Le silence et la mort artificielle qui régnaient sur la Terre étaient en agonie. Par-dessus  les horizons il y a eu une lumière comme un foudre. L’éternité du non-être passif et presque provocateur allait être interrompue. Non pas justement en ce moment. Le temps de Dieu n’était pas encore arrivé. Parce que Dieu calculait le moment où Sa volonté ne pouvait pas rater. Les éclairs enveloppaient la planète dans des bruits, sous le sifflement desquels les pierres roulaient dans les mers. La pluie est revenue sur les eaux salées des océans. Les gouttes grandes et lourdes tombaient comme des lances. Les nuages noirs et épais avaient enveloppé la Terre. Au-delà d’eux, le ciel n’était resté qu’un souvenir. Un déluge s’est abattu sur le jardin du Créateur, et les rochers se taisaient muets sous le fouettement de l’eau portée par le vent. Les torrents ont commencé à couler vers les auges basses et les premières vallées à ciseler dans les pierres la forme des fleuves qui allaient suivre.

        Jésus regardait les flots qui se mélangeaient à la Terre et pensait pour Soi : « Mon Dieu, Je reconnais Ton travail ! » Alors les gouttes transparentes comme des cristaux se sont transformées petit à petit en gouttes rouges et tout d’un coup le ciel s’est coloré de la pluie divine. Les nuages ne se voyaient plus et les eaux des mers et des océans se sont troublées, en bouillant. Toute la Terre était accablée par le miracle. Jésus a tendu ses mains invisibles, les paumes tournées vers le haut, pou