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-Le cinquieme Evangile-

La terre

 

Le soleil se levait de nouveau dans le ciel, solitaire, après de longues années. Sur la terre, l’atmosphère post-glaciaire n’allait pas disparaître bientôt. Des vagues immenses morcelaient les rochers, des vents puissants disloquaient les pierres des montagnes, les sables des eaux sifflaient emparés par le tourbillon frénétique des océans. Les êtres qui avaient dominé la terre, avant que le péché vainquît la dignité divine, avaient péri. Peu d’espèces antérieures survivaient dans des grottes et sur les plus hauts sommets. Quelques brins de végétation essayaient de pousser entre les rochers crevassés par la bise, tandis que dans les eaux, les algues et les crustacés marins cohabitaient avec les poissons et les sirènes. Mais dans l’air flottait une odeur de terre fraîche, renouvelée par le travail des glaciers et lavée par les eaux qui paraissaient ne plus jamais avoir où se retirer. Les plaines étendues étaient couvertes des eaux, qui avaient laissé dans les profondeurs d’immenses quantités de sable et de pierres. Mais dans le jardin de Dieu tout est possible. Parce que Lui, Il règne, mieux que n’importe qui puisse le faire, sur la nature et ses lois et par la transformation de la matière, Il obtient les miracles qui mènent finalement à la réalisation de Son travail. Peu à peu, les paroles, que Jésus avait adressées aux sirènes, commençaient à se confirmer, à devenir la loi du troisième pas que la matière ressuscitée devait faire, sur le chemin du retour du sang divin vers le Ciel. Les eaux s’étaient retirées des plateaux les plus élevés et leur surface était restée couverte de sables désertiques. Une chaleur torride se déchaînait par-dessus ces plateaux et leur étendue grandissait d’une année à l’autre. C’est là